REDES

domingo, 3 de outubro de 2010

Une presse très remontée contre Lula


POUR CURRIER INTERNATIONAL
DE RIO DE JANEIRO
Dans la dernière ligne droite de la campagne, le torchon brûle entre les grands journaux et le gouvernement. Ce phénomène s’est déjà produit lors de la réélection de Lula, en 2006, lorsque les classes moyennes aisées l’avaient lâché. Quatre grandes familles se partagent le contrôle des principaux médias : les Marinho, propriétaires du quotidien de Rio O Globo et de la toute-puissante Télé Globo ; les Mesquita de O Estado de São Paulo ; les Frias, de Folha de São Paulo ; et les Civita, de la maison d’édition Abril, éditeur du principal hebdomadaire, Veja. Ces grandes familles ne se sont jamais remises de l’élection de Lula, ce président peu instruit, venu d’un Etat pauvre et issu du syndicalisme.

Récemment, ces médias ont déclenché une campagne contre Dilma Rousseff, la candidate de Lula, dans l’espoir d’évincer de la présidence le Parti des travailleurs : on a donc pu lire beaucoup de bilans négatifs des années Lula et force articles sur les affaires de corruption qui ont émaillé les huit ans de gouvernance du PT. Il est vrai que le gouvernement lui-même a fourni des munitions à ses adversaires avec une succession de scandales : le plus célèbre d’entre eux, le “Mensalão”, en 2005, avait coûté son poste au Premier ministre, José Dirceu, alors candidat naturel à la succession.

Dilma Rousseff n’est pas encore élue qu’elle doit faire face à des accusations de trafic d’influence qui, le 16 septembre, ont conduit à la démission son bras droit, Erenice Guerra. La semaine dernière, on a vu dans les rues de São Paulo des manifestations “pour la défense de la démocratie”, mais aussi d’autres “contre les abus de la presse”.

Les relations de Lula avec la presse n’ont jamais été cordiales. En 2004, la présidence avait même menacé d’expulser le correspondant du New York Times, Larry Rohter, qui avait laissé entendre que Lula buvait trop 5 (voir aussi cet article écrit par Larry Rohter). A la veille de l’élection, le président continue de se plaindre de l’attitude hostile des médias à l’égard du PT, ce qui suscite des réactions indignées de ces médias. Beaucoup d’éditorialistes lui reprochent de trop se consacrer à la campagne de sa candidate, au détriment des affaires de l’Etat. La charge des journaux est parfois caricaturale. Ainsi, Folha de São Paulo, en septembre, n’a pas hésité à rendre Dilma Rousseff responsable de la perte de 1 milliard de dollars (voir la une de Folha de São Paulo ci-dessus) pour avoir mis trop de temps à changer une loi sur l’énergie qui avait été votée à la fin du mandat de Fernando Henrique Cardoso (1994-2002). Cependant, l’électorat n’est pas dupe : à la suite de cette affaire, des blagues ont massivement circulé sur Twitter, attribuant à Dilma Rousseff tous les maux de la planète. La presse semble d’ailleurs avoir perdu de son influence d’antan. Le fait que son lectorat se cantonne majoritairement à la région Sud-Est, la plus riche du pays, limite aujourd’hui son rayonnement. La société a désormais accès à l’information à travers des milliers d’ONG et d’associations, sans oublier le rôle essentiel d’Internet. Et les chaînes de télévision gratuites, qui restent de loin la plus importante source d’infos, ont adopté une certaine prudence dans leurs critiques du gouvernement : sans doute pour ne pas s’aliéner leurs publics naturels, composés des plus défavorisés et des classes moyennes inférieures, qui continuent d’aduler un président qui leur ressemble.

Nenhum comentário: